La pièce
Nordine (Ben Hamidou), le concierge d’un théâtre situé dans les quartiers populaires de la ville, doit sacrifier ses vacances au bled pour accueillir Pierre (Sam Touzani), un artiste qui vient s’installer en résidence d’été. D’un côté, Nordine est le pur produit conservateur de sa communauté, flanqué d’une femme possessive, une tigresse venue de Tanger. Bref, un bon bougre qui accepte la vie telle qu’elle est. De l’autre, Pierre, qui « n’a pas une tête à s’appeler Pierre », paraît bien plus affranchi des diktats de la société, obsédé qu’il est par la figure de Dom Juan, « l’athée jeté aux enfers. » Officiellement, il est là pour créer un spectacle pour les habitants du quartier mais il semblerait qu’il ait un agenda caché. Sans vous révéler les coups de théâtre qui parsèment l’intrigue, disons qu’une amitié naissante va unir ces deux hommes, frères dans bien des sens du terme.
C’est ainsi que, par l’humour, le duo effleure les questions qui fâchent, de l’identité à la religion en passant par l’intégration, mais sans jamais enfoncer le clou. Comment décider ce qui est « halal » et ce qui est « haram » ? Quelle place pour la libre-pensée quand les interdits imprègnent tous les pans de votre vie ? Hommage à la fraternité, la pièce finit sur une image d’une douceur infinie, qui balaye toutes les rancœurs identitaires.
Extrait de l’article « Les enfants (cachés) de Dom Juan »
Catherine Makereel – Le Soir – 16/12/2016
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